🎤 Avec Gojira, le métal français enfin à la conquête du monde ? ( Volume 3 )

Après les deux premiers volumes sur l’évolution du métal français, voici venu l’heure de la montée en puissance de Gojira !

Années 2000 à 2020 : la montée en puissance de Gojira

Il faudra attendre la lente maturation de Gojira, au fil d’un parcours remarquable de cohérence, pour que se produise enfin le parfait alignement d’étoiles. Fondé en 1996 par les frères Joseph et Mario Duplantier, originaires des Landes, le quatuor s’appuie sur une formation stable depuis 1998 et l’arrivée du bassiste Jean-Michel Labadie. Le groupe produit quatre de ses cinq premiers albums dans son propre studio, une grange en ruines rénovée sur deux ans. Musicalement, Gojira s’engage sur une voie exigeante avec son death metal technique aux compositions volontiers progressives. Elle lui vaut depuis la sortie de Terra Incognita en 2001 la reconnaissance des spécialistes du genre, séduits notamment par la virtuosité des instrumentistes, le batteur Mario Duplantier en tête. Jusqu’à From Mars to Sirius, sorti en 2005, Gojira développe une identité très particulière ; les compositions gagnent en complexité tandis que les textes en anglais déclinent des thématiques éloignées de l’ordinaire d’un death metal porté sur la violence pour exalter l’écologie et la philosophie indienne. À la technicité et l’originalité s’ajoutent le goût des tournées, en travaillant de concert l’ancrage local et la notoriété internationale ; From Mars to Sirius est l’occasion d’accompagner en Amérique du Nord Children of Bodom puis Trivium, Lamb of God et Machine Head, en plus d’avoir les honneurs du Download Festival anglais.

C’est plus par la scène que par la vente de disques, conformĂ©ment aux nouvelles règles du jeu de l’industrie, que Gojira grandit, en ciblant particulièrement le continent nord-amĂ©ricain. Dès The way of all flesh paru en 2008, l’influence accrue du metal Ă©tatsunien est palpable – fans revendiquĂ©s de Metallica, le groupe ouvre pour eux en aoĂ»t Ă  Arras. Pour la première fois, Gojira figure au Billboard 200 amĂ©ricain, tandis que la reconnaissance critique locale est au rendez-vous. En 2012, L’enfant sauvage marque une progression linĂ©aire. Le groupe Ă©cume les grands festivals. Le guitariste, chanteur et parolier Joe Duplantier dĂ©cide de s’installer Ă  New York et d’y Ă©tablir le nouveau studio du groupe. Ce mouvement initie la dernière phase du dĂ©veloppement de Gojira, caractĂ©risĂ©e par une certaine simplification des compositions, dĂ©sormais Ă  mi-chemin entre death et groove metal, une notoriĂ©tĂ© et des ventes encore accrues, des nominations aux Grammy Awards et le statut de tĂŞte d’affiche dans les grands festivals. Après Magma en 2016, la sortie de Fortitude en avril 2021 a des allures d’aboutissement logique. Accessible et variĂ© sans renier l’identitĂ© de Gojira, il Ă©voque – Ă  une Ă©poque certes bien diffĂ©rente – le succès de l’album Metallica 30 ans plus tĂ´t. En plus des top 5 et 10 en Australie et dans nombre de pays europĂ©ens, Fortitude atteint le sommet des classements Rock aux États-Unis et en Angleterre. 

Vision, persévérance et intégrité auront permis de franchir ce cap. De quoi permettre aux Tricolores prometteurs ou déjà appréciés des connaisseurs d’aujourd’hui que sont Alcest et Regarde les hommes tomber (post-black metal), Hangman’s Chair (sludge metal), Betraying the Martyrs (deathcore), Shaârghot (métal industriel) ou le très polyvalent Igorrr de suivre leur exemple ? … on aimerait savoir ce qu’en aurait pensé John Lennon.