Il faut bien reconnaître qu’à l’aube du nouveau millénaire, les choses se sont légèrement calmées… Peut-être que notre époque, frappée par une triple crise (sociale, économique, écologique), cherche dans la musique une forme d’allègement, plutôt que de la violence et du chaos ? Ou peut-être, simplement, que tout a été fait dans le domaine du shock-rock, et que le public se tourne désormais vers d’autres types de performances ?
Au-delà des hypothèses culturelles, un facteur juridique semble désormais déterminant : celui des assurances. Au point que The Guardian s’est fendu d’un article entier sur le sujet, intitulé Sex and drugs and rock'n'roll insurance. L’auteur explique comment l’industrie de la musique s’est transformée, négligeant la vente des CD pour miser au maximum sur les concerts et les mega-tournées. Les enjeux financiers devenant colossaux, les tourneurs comme les propriétaires de salles recourent à de multiples assurances : pour l’équipement, pour le public et pour l’annulation. Les deux dernières sont des inventions modernes. L’assurance en cas d’annulation, surtout, pèse sur les artistes, chez qui l’on exige à présent des bilans médicaux complets, des tests sanguins, et cetera. Pas tellement compatible avec un mode de vie destroy... Fait rare dans le monde des assurances, le risque est considéré plus faible chez les artistes plus âgés - forcément plus rangés.
Conclusion du Guardian ? Les concerts représentent aujourd’hui trop de travail pour laisser place à l’hédonisme. Peu de chance que l’on revoit, par exemple, le chanteur de Boy Hits Car se jeter dans la foule depuis une hauteur de 20 mètres - miraculeusement sans blesser personne.