🤸🏻‍♀️ Gymnastique : les cinq figures les plus dingues réalisées pendant les JO

La gymnastique est un sport de niche, d’élite même selon ses partisans. Le fait est qu’un saut carpé, même exécuté de manière admirable, ne soulèvera jamais la même fureur qu’un mauvais tir en pleine lucarne un soir de Coupe d’Europe. Et pourtant… La gym est un sport bien vivant, bouillonnant, où l’on bat encore fréquemment des records. Et pour le prouver aux néophytes, quoi de mieux qu’une petite sélection des figures les plus impressionnantes et novatrices (voire carrément dangereuses) de ces dernières années ? 

Ne vous fiez pas à leurs lycras moulants et leurs slips fluos : les gymnastes sont des dingues. Sport de niche ? Non : sport extrême !

#5 - Double salto avant avec une demi-vrille 

Lilia Podkopaïeva (Ukraine)
Finale du concours général, JO d’Atlanta (1996)

Vous n’êtes pas « gymnologue » ? Vous ne connaissez pas la différence entre un cheval d’arçon et un canasson ? Pas de panique. Nous allons commencer par quelques définitions… D’abord, sachez que le concours général est l’épreuve reine en gymnastique, puisqu’elle impose au gymnaste un passage sur chaque agrès. Les agrès, ce sont les différentes sous-disciplines de la gym. Il y en a six chez les hommes (sol, cheval d'arçon, anneaux, saut de cheval, barres parallèles et barre fixe) et quatre chez les femmes (sol, barres asymétriques, poutre et saut de cheval). Le total des points récoltés sur chaque agrès définit le vainqueur. Pour être le meilleur, il faut donc être particulièrement polyvalent.

Et c’est justement le cas de Lilia Podkopaïeva - une légende de la discipline. Sa grâce et son élégance rares ont fait sa réputation, mais c’est aux Jeux Olympiques d’Atlanta qu’elle marque l’Histoire. Lors de son dernier agrès (le sol), elle réalise un double salto avant terminé par une demi-vrille, qui lui permet de décrocher la médaille d’or. Très peu de femme ont reproduit cette prouesse depuis - à l’exception notable de la canadienne Brooklyn Moors.

#4 - Tsukahara double arrière groupé avec vrille

Ri Se Gwang (Corée du Nord)
Final par agrès / saut de cheval, JO de Rio (2016)

            Mitsuo Tsukahara fut une légende de la gymnastique dans les années 1960-1970. Non content d’avoir raflé cinq fois la médaille d’or aux Jeux Olympiques, ce japonais a également imprimé son nom sur toute une famille de figures, copieusement virevoltantes, effectuées au saut de cheval.

            Quand Ri Se Gwang se présente en 2016, il est déjà double champion du monde au saut de cheval. Et pourtant, il ne se repose pas sur ses lauriers, trouvant l'audace de repousser les limites avec une figure inédite, l’une des plus difficiles jamais effectuées : un double salto arrière avec une vrille dans le second envol. Il devient alors le second nord-coréen à remporter l’or aux Jeux Olympiques.

#3 - Lâcher de barre, salto arrière tendu avec une vrille et demi

Emilie Le Pennec (France)
Finale par agrès / barres asymétriques, JO d’Athènes (2004)

Chaque sport semble avoir son vivier géographique. Les Etats-Unis dominent l’athlétisme, les pays latins s’illustrent avec le football, et les occitans demeurent champions du monde en ventriglisse (avouez que vous venez d’apprendre un truc). Et la gymnastique ? Ce sport fut pendant longtemps spécialité de l’Union Soviétique. Durant les années 1990, la Russie, la Chine, et la Roumanie continuent de se disputer le podium, tandis que les Etats-Unis font une remontée très spectaculaire depuis le milieu des années 2000. Et la France ? Eh bien… Disons que la gymnastique n’est pas un sport bleu-blanc-rouge. 

            Néanmoins. 

L’impossible arrive.

            Emilie Le Pennec n’a pas dix-huit ans quand elle remporte l’unique médaille olympique jamais décrochée par une Française en gymnastique. Elle y parvient notamment grâce à une figure spectaculaire, rarement réalisée par les hommes et presque jamais par les femmes : le Def (du nom de Jacques Def, un Français, qui fut le premier à la réussir).

            Les aficionados de la discipline se souviennent certainement de cette finale historique dans laquelle survient une deuxième surprise de taille : la chute de Svetlana Khorina, pourtant archi-favorite, championne du monde incontestée, presque imbattue jusqu’alors… L’impossible, on vous dit.

#2 - Double salto arrière, triple vrille

Simone Biles (USA)
Qualifications / exercices au sol, JO de Tokyo (2021)

Attention. Figure numéro deux - on s’approche des étoiles.

            Et Simone Biles en est une. Elle est souvent considérée comme LA meilleure gymnaste de tous les temps, à tel point qu’elle a baptisé non pas une, mais deux figures au sol - qu’il faut bien nommer Biles 1 et Biles 2. La seconde, d’ailleurs, est une prouesse qu’elle seule a réalisé. Ce qui lui vaut la deuxième place de ce classement.

            Malheureusement, la carrière de Simone s'interrompt plus ou moins brutalement en 2021, aux JO de Tokyo, quand elle fait l’expérience désagréable d’une “perte de figure”, un phénomène neurologique mal expliqué qui fait perdre à certains athlètes tous leurs repères spatiaux. Si les pertes de figure sont redoutées par les gymnastes, elles affectent aussi (bizarrement) les joueurs de baseball, de cricket, et de golf. Heureusement, jusqu’à aujourd’hui, les champions de ventriglisse semblent épargnés. 

#1 - le triple salto arrière carpé 

Nikita Nagornyy (Russie)
Final par agrès / exercice au sol, JO de Tokyo (2021)

Les choses les plus simples sont parfois les meilleures, mais aussi les plus délicates à réussir - tous les cuisiniers vous le diront.

            Ainsi va le triple salto arrière carpé. Comprenez : un triple saut périlleux arrière, jambes tendues, le corps fléchi à 90°. Sur le sol, pieds nus, sans trampoline ni trucage. Nikita reste aujourd’hui l’unique personne à avoir réalisé cette figure, qui porte également son nom. Dans le code de pointage (un grimoire publié par la Fédération Internationale de Gymnastique), cette figure est classée I. Autrement dit, c’est la plus forte difficulté jamais réalisée pour une épreuve au sol.