🏀 Harlem Globetrotters : saviez-vous que.....?

Née dans les années 1920, l’équipe des Harlem Globetrotters a révolutionné le monde du basket-ball. Elle a eu un rôle prépondérant dans l’accès et la médiatisation de ce sport, notamment en NBA. Mettez vos chaussures, enfilez votre short, anticipez le alley-oop : voici toutes les anecdotes que vous devez connaître sur les Harlem Globetrotters !

Si vous êtes un fan de sport et de basket, vous avez forcément déjà entendu parler des Harlem Globetrotters. Elle est probablement l’équipe la plus connue dans le monde, hors franchises NBA. Mais si les équipes comme les Bulls de Chicago, les Celtics de Boston ou les Lakers de Los Angeles ont un palmarès comme le leur aujourd’hui, c’est en grande partie grâce aux Globetrotters qui ont largement démocratisé le basket aux USA. Leur style si caractéristique a révolutionné le sport permettant d’abord aux joueurs noirs d’intégrer le monde professionnel en accédant à la NBA, mais aussi à la ligue de changer de dimension. De la Grande Dépression à la Guerre froide, en passant par la Seconde Guerre mondiale et le mouvement des Civil Rights, les Harlem Globetrotters sont le reflet d’une Amérique du XXe siècle en souffrance. Si aujourd’hui, l’équipe fait le show avec leurs prouesses techniques très fun partout dans le monde, les Harlem Globetrotters ont grandi au rythme des événements douloureux des États-Unis.

Un show légendaire
Un show légendaire

Abe Saperstein : visionnaire et créateur 

Les pionniers
Les pionniers

1926. Le basket n’est pas un sport encore très développé, seules quelques équipes sont alors connues : les Buffalo Germans, les Original Celtics, les Cleveland Rosenblums ou encore les Philadelphia Sphas. Et puis, à côté, il y avait la “Savoy Big Team”, l’ancêtre des Harlem Globetrotters. L’équipe évolue alors à la Savoy Ballroom de Chicago, d’où vient le nom du club. Abe Saperstein est le coach, et décide de changer le nom pour avoir un blaze qui en jette encore un peu plus. Il rebaptise alors son équipe les Harlem Globetrotters, car tous les membres de l’équipe sont Afro-Américains, mais aussi car Harlem est le temple de la culture noire aux États-Unis. Harlem est le quartier qui représente la communauté noire des USA plus qu’aucun autre. Vous connaissez peut-être les couleurs actuelles des Globetrotters ? Et bien, c’est Abe Saperstein, dont les parents sont tailleurs, qui brode de ses propres mains les maillots de son équipe avec le bleu, le rouge et le blanc qui  y dominent.

 

Les joueurs des Harlem Globetrotters de l’époque ? Aucune vedette. Que des petits gars venus de la banlieue, a priori sans grand avenir devant eux : Walter « Toots » Wright, Byron « Fat » Long, Willis « Kid » Oliver, Andy Washington et Al « Runt » Pullins. En réalité, la plupart d’entre eux vient de Chicago. 

Ségrégation, Ford T et premier match

À l’époque, les États-Unis sont dans une période avec une très forte ségrégation raciale. C’est notamment pour cette raison que les Harlem Globetrotters ne sont pas autorisés à évoluer dans les ligues professionnelles. Ces dernières sont alors exclusivement réservées aux Blancs. Abe Saperstein possède une Ford T, spacieuse, et sillonne le Midwest américain avec ses hommes, (confortablement) installés sur la banquette arrière. Cette aventure, c’est le système D : on se nourrit et on loge l’on peut - souvent là où on est toléré- régulièrement sous un panneau “Colored Only”. Ambiance.

 

C’est le 7 janvier 1927 que les Harlem Globetrotters jouent le premier match de leur histoire. Ça se passe à Hickey, petite ville de l’Illinois, devant 300 spectateurs. L’équipe impressionne, tant par son talent que par sa folie, et devient très vite l’une des meilleures de la région de Chicago, puis des États-Unis. 101 victoires, seulement 16 défaites pour ceux qui font découvrir le basket à un grand nombre de citoyens du Midwest américain. En plus de leur faculté à être doués dans leur sport, les Globetrotters amusent le public avec leurs numéros d’adresse et leurs sketchs comiques.

 

Abe Saperstein, c’est le couteau-suisse de l’équipe. À la fois entraîneur, propriétaire, publicitaire, manager et même parfois joueur, sa vie est entièrement dédiée à son équipe. Et aujourd’hui, on peut dire qu’il a eu du flair !

La « Savoy Big Team », équipe qui jouait dans la Negro American Legion League
La « Savoy Big Team », équipe qui jouait dans la Negro American Legion League

Dix ans plus tard, le basket se structure

Une décennie et des raclées plus tard, les Harlem Globetrotters ont déjà joué plus de 1 000 matchs aux États-Unis, dans pas moins d’une dizaine d’Etats différents. Ils font de la route, mais continuent de séduire, de claquer des dunks et de réjouir le public. En 1939, les HGC sont conviés au World Professional Basketball Tournament, grande compétition dans laquelle les meilleures équipes de basket US sont présentes. Pas de chance pour eux, ils tombent sur les New York Renaissance, l’une des autres principales équipes noires de l’Amérique de l’entre-deux guerres. 

 

Malgré cette défaite, les Globetrotters ne baissent pas les bras et continuent leur domination sans partage. Les joueurs de l’équipe mettent de plus en plus en pratique ce qui fera leur renommée actuelle, à savoir faire le show tout en écrasant ses adversaires. Les Harlem Globetrotters jouent bien, sont forts, rapides, sautent haut, sont de formidables manieurs de ballons et de magnifiques provocateurs. Tout ce dont le public raffole.

 

Un an après, les hommes de Saperstein s’imposent logiquement lors du World Professional Basketball Tournament, en gagnant en finale contre les Chicago Bruins sur un score qui en ferait rire plus d’un aujourd’hui : 31-29. La Seconde Guerre mondiale a lieu, certains joueurs sont donc contraints de rejoindre les rangs américains en Europe. Mais rien n’arrête les Harlem Globetrotters qui remplacent les partants par d’autres, comme le bien connu Goose Tatum ainsi que Bob Karstens, premier joueur blanc à faire partie de l’équipe. Mais les temps sont durs, et il est toujours aussi difficile de trouver des lieux où les Noirs sont acceptés. Après leurs matchs, ils sont quasi-systématiquement obligés de rouler pendant des heures pour trouver un endroit où loger ou se nourrir. Parfois, les joueurs dorment dans le bus. Parfois, sans avoir mangé. Et souvent, les deux.

Meadowlark Lemon, le « Clown Prince of Basketball » à l’écoute de son coach
Meadowlark Lemon, le « Clown Prince of Basketball » à l’écoute de son coach

1948, le déclic face aux Lakers de Minneapolis

La première ligue de basket professionnelle voit le jour à la fin de la guerre, la Basketball Association of America, renommée deux ans plus tard la National Basketball Association : la fameuse NBA.

 

Abe Saperstein n’a pas froid aux yeux et propose en 1948 une rencontre face aux Lakers de Minneapolis qui est alors la meilleure équipe des États-Unis. Il sait que son équipe est meilleure et veut le montrer à tout le monde. Alors que personne ne croit en eux, les Harlem Globetrotters s’imposent finalement 61 à 59 grâce à un shoot au buzzer devant plus de 17 800 personnes au Chicago Stadium. En 1950, c’est l’un des grands tournants de l’histoire du basket américain :  Nate « Sweetwater » Clifton, membre des Harlem Globetrotters, devient le premier joueur noir à intégrer la NBA, pour 25 000 dollars, en signant chez les Knicks de New York. 

Nate Clifton, premier joueur noir à signer en NBA
Nate Clifton, premier joueur noir à signer en NBA

Les Harlem Globetrotters, un rôle politique

Voyant son équipe connaître de plus en plus de succès auprès d’un large public, Abe Saperstein décide d’exporter les Harlem Globetrotters à l’international dès 1950. 

 

En 1958, les Harlem Globetrotters créent la sensation en signant Wilt Chamberlain qui est alors considéré comme le meilleur joueur de la National Collegiate Athletic Association qui régit le basket des grandes écoles et des universités américains. En cette période de Guerre Froide, il a un poids important lors de sa rencontre avec Nikita Khroutchev, ayant pour objectif de réduire les tensions entre l’Est et l’Occident. Ensuite, l’équipe continue sa tournée en allant à Rome pour rencontrer le Pape Pie XII, en mettant en œuvre leur traditionnel Cercle Magique. Dans les années 60 et 70, les Globetrotters enchaînent 8.962 victoires et ne concèdent que deux défaites.

Le flow de Wilt Chamberlain
Le flow de Wilt Chamberlain

Avec une influence qui dépasse largement le cadre du sport, les Harlem Globetrotters deviennent le visage des États-Unis à l’étranger. C’est notamment ici que le nom de l’équipe prend tout son sens. Année après année, les Harlem Globetrotters organisent des tournées partout à travers le monde dans le but de montrer pourquoi il faut jouer au basket. Parce que c’est un sport fun, où on s’amuse ensemble, accessible à tous. 

En 2005, Barack Obama leur rend un vibrant hommage dans le documentaire The Team that Changed the World : « Comme beaucoup d’hommes noirs de cette génération, ils n’ont pas pu exprimer leur talent et subi tous les affronts pour gagner leur vie. La vigueur et la détermination de cette génération ont permis à des gens comme moi de siéger au Sénat des États-Unis d’Amérique. ». Tout un symbole.

 

Et parce qu'à l'Accor Arena plus qu'ailleurs, musique et sport font bon ménage révisez vos classiques musicaux des Harlem....en mettant le son à fond !