🇺🇸 La scène urbaine française en mode U.S

#1 – PNL, les pionniers du rap français à Coachella

Dès 2016, les deux frères mettent un pied dans le pays de l’oncle Sam lorsqu’ils font la couverture de The Fader, magazine culturel New-Yorkais iconique, qui souligne déjà que « le son particulier et la forte sensibilité esthétique de PNL ont le potentiel de parler à une audience mondiale ». 

Un présage que l’avenir ne dément pas : en 2017, le duo ouvre la voie en devenant les premiers rappeurs français à être programmés au prestigieux festival Coachella (où ils ne se produiront finalement pas, à cause d’un problème de visa). 

Deux ans plus tard, la sortie de leur troisième album Deux Frères et le clip de "Au DD" tourné au sommet de la Tour Eiffel finiront de consacrer leur aura internationale. Le très sérieux Billboard américain les classera d’ailleurs à la dixième place du top mondial des artistes les plus populaires sur les réseaux sociaux en avril 2019.

La popularité fulgurante d’un hip-hop nouvelle génération

Porté notamment par l’Auto-Tune, on observe aujourd’hui un virage (douloureux pour certains puristes du rap à l’ancienne) où rythme et mélodie prennent le pas sur le ciselage du texte. La « prod » (partie instrumentale d’un morceau) prend également plus de place et, qu’elle soit dansante ou planante, va parfois jusqu’à faire le succès d’un titre. 

Cette tendance en nourrit une autre : celle du mélange des genres entre rap, RnB, pop, zouk, euro-dance... Résultat : de nouveaux sous-genres musicaux comme la « pop urbaine » ou la « hip-house » pour les amoureux des étiquettes, mais surtout une démocratisation et une ouverture de la culture hip-hop.

Dans ce hip-hop nouvelle génération, le sens des mots n’est plus forcément la clef d’un morceau, faisant par-là même tomber la barrière de la langue et décuplant son potentiel à l’international. Il n’en fallait pas plus pour que l’Amérique finisse enfin par tendre l’oreille !

#2 – Aya Nakamura, adoubée par le New York Times et Rihanna

Qui n’a jamais eu le refrain de "Djadja" dans la tête ? En France, de gré ou de force, pas grand monde ! Voilà qui vous fait, au moins, un point commun avec Rihanna ou Madonna. Car le carton d’Aya Nakamura ne s’est pas arrêté aux portes de nos frontières et les deux reines de la pop américaine se sont montrées sur les réseaux sociaux en train de danser sur sa musique.

Artiste francophone la plus écoutée dans le monde, la chanteuse a même eu le droit à son portrait dans le très chic New York Times en 2019. Elle devient la même année la première artiste féminine française à être nommée dans la catégorie « meilleur artiste international » aux BET Awards et décroche dans la foulée une place à Coachella en 2020 (édition qui n’aura finalement pas lieu en raison de la pandémie – décidément l’histoire se répète !).

Et pour parfaire la consécration, lors de son concert à l’Accor Arena en juillet dernier, c’est Alicia Keys qui a créé cette fois la surprise en invitant Aya Nakamura sur scène pour reprendre en duo l’iconique "Djadja". 

#3 – Jul et sa Bande Organisée traversent l’Atlantique 

Là encore, il fallait vivre dans une grotte pour passer à côté du tube de l’été 2020. Battant tous les records, le quintuple disque de platine et son clip aux quelques 443 millions de vues s’est lui aussi offert un visa pour les États-Unis en devenant l’emblème d’un phénomène viral méconnu du grand public. 

En effet, si une véritable reconnaissance par leurs homologues américains se fait attendre, depuis quelques années, les rappeurs français se voient porter un intérêt grandissant par certains YouTubers américains passionnés de hip-hop qui se filment en train de visionner leurs clips. Celui de "Bande Organisée" figure ainsi dans bon nombre de ces vidéos de réaction, sorte de consécration virale, dont certaines dépassent le million de vues. 

Quelques mois après sa sortie, le 2 janvier 2021, le tube fait également parler de lui quand il résonne lors d’un match de la NBA opposant les Los Angeles Clippers et les Jazz de l’Utah. Si l’on en croit Nicolas Batum, joueur français évoluant chez les Clippers, son compatriote Rudy Gobert, jouant alors pour les Jazz, y serait pour quelque chose...!

Toujours est-il que le titre phénomène semble avoir définitivement posé ses valises outre-Atlantique puisqu’en 2022, le morceau s’est offert le remix le plus inattendu de l’année : celui du rappeur très controversé 6ix9ine qui a annoncé son grand retour,  en postant sur Instagram un freestyle sur l’instru du tube marseillais.

Et l’inclassable Jul ne compte pas en rester là : le numéro un du rap hexagonal a dévoilé il y a quelques mois son intention de produire un album rassemblant rappeurs français et américains. Une Bande Organisée 2.0 qui pourrait mettre un point d’orgue à la conquête de l’Amérique par le hip-hop français !