📼 Musique des 90's : iconique !

À chaque décennie sa bande originale. Les années 1960, par exemple, ont été marquées par la montée du rock et la multiplication des sous-genre associés - psyché, métal, prog’... Les années 1970, c’était le disco. Les années 1980, c’est l'explosion du synthétiseur et des sons électroniques. Mais les années 1990 ? Pas si simple à définir en un mot…  Alors plongeons-nous dans l’esprit des nineties, avec un rappel de ses courants musicaux, pour mieux comprendre son héritage aujourd’hui. Enfilez vos écouteurs et faites chauffer vos baladeurs : on remonte le temps !

L’Âge d’Or du Hip Hop

A la fin des 80’s et pendant la première moitié des 90’s le hip hop est particulièrement on fire ! Le genre devient populaire, à l’échelle mondiale, mais aussi respecté dans le monde artistique : son impact culturel est maximum. Chaque jour un nouveau rappeur, un nouveau titre semble placer la barre plus haut, proposer quelque chose de nouveau, d’excitant. Les stars du moment s’appellent 2pac, Public Enemy, les Beastie Boys ou Notorious B.I.G. Et puis en 1992, Dr. Dre frappe un grand coup avec l’album The Chronic, posant les bases du Gangsta rap, aussi bien sur le plan musical que sur le plan esthétique, et ce, pour les décennies à venir.

            Bien sûr, le hip-hop a continué de grandir après l’Âge d’Or, et vers la fin des années 1990, certains rappeurs atteignent des niveaux de gloire sans précédents comme Snoop Dogg, Puff Daddy, le Wu-Tang Clan, et peut-être plus encore, Eminem ou Jay Z.

            Le hip-hop des années 1990 se développe simultanément à la soul, et plus encore au R&B. Des genres représentés par des artistes comme Janet Jackson, Usher, Mary J Blige ou encore Whitney Houston. Des courants qui s’influencent les uns les autres et vont jusqu’à fusionner chez certains artistes. Que l’on pense à Lauryn Hill pour la hip-hop-soul ou à  Missy Elliott pour la hip-hop-R&B.

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L’avènement du Grunge

Grunge, ça veut dire “crasse”. Et c’est exactement l’image qu’a laissé ce mouvement culturel américain : des cheveux sales, des guitares pétées, ou des majeurs dressés… Mais au-delà du côté destroy, insistant surtout sur le “drugs” de “sex, drugs and rock-and-roll”, le grunge a vraiment apporté quelque chose de nouveau dans le rock mondial. 
Que l’on se souvienne… Les groupes des années 1980 cultivaient un univers virile tout en muscles (genre Pantera), soit  plus glam & make-up (comme Aerosmith). Avec le grunge, une dose d’angoisse et de vulnérabilité s’infiltre dans la musique. Cette noirceur s’exprime par des textes lourds, des sons de guitares distordues, des enregistrements imparfaits où l’on conserve les couacs, les bruits et les larsens stridents. La musique privilégie la structure populaire couplet-refrain, plutôt que la virtuosité, si bien que pour certains observateurs, c’est la faute du grunge si les solos de guitare ont pratiquement disparu.
Alice in Chains, Pearl Jam, Soundgarden et les Smashing Pumpkins ont certainement porté le grunge aux oreilles d’un large public. Mais dans le mouvement, un groupe fait cavalier seul devant - loin, très loin devant… Et ce groupe, c’est bien sûr Nirvana. Déjà culte au début des années 1990, il devient tragiquement légendaire en 1994 avec le suicide de son chanteur, Kurt Cobain.

Pendant cette étrange décennie, le rock a donné d’autres bourgeons, dont le ska-punk (avec No Doubt), le néo-métal et le black-metal, un mouvement radical dont l’esthétique mais surtout les faits-divers ont durablement marqué les esprits…

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Les musiques électroniques 

Certes, les sons digitaux se sont imposés tout au long des années 1980. Mais c’est dans les années 1990 que les ordinateurs personnels et les synthétiseurs se multiplient par millions, devenant abordables pour les foyers moyens. La jeune génération découvre ces objets, grandit avec et défriche de nouveaux territoires sonores.

Ce n’est donc pas un hasard si les années 1990 ont connu l’explosion simultanée de la Dance, de la Techno, de la Trance et de la House (même si ces quatre genres trouvent leurs racines dans les années 1980). L’Europe se démarque en la matière. On parle même d’Euro-Dance et parfois, plus spécifiquement, de French-House ; un genre dont les premiers ambassadeurs ne seraient autre qu’un petit duo de Français alors méconnus : les Daft Punk !

L’étonnant phénomène des « Boys Bands »

La musique pop des années 1990 voit émerger quantité d’artistes en solo, comme Jennifer Lopez, Christina Aguilera ou Britney Spears. Mais en parallèle, un mouvement plus étrange a marqué cette décennie, à savoir, l’avènement des boys bands. Nous ne parlerons pas ici des girls bands, un phénomène légèrement différent, et un peu moins populaire (à l’exception des Spice Girls, Destiny’s Child ou TLC)... Certes, on pourrait aussi dire que les boys bands ont toujours existé - d’ailleurs, à leur insu, les Beatles n’en étaient-ils pas un ? On pourrait dire aussi qu’ils existent encore, et qu’il suffit de s’intéresser à la K-pop pour le comprendre…

Pourtant, il s’est bien passé quelque chose de nouveau dans les années 1990. C’est là que le genre s’est codifié. Par exemple, l’idée que chaque chanteur doit incarner un personnage : le bad boy, le romantique, le jeune au visage poupon, etc. Surtout, ces groupes ont pris de l’importance (avec la multiplication des chaînes de télé) des clips vidéo et globalement de toute une industrie de l’image et du divertissement… Car les boys bands devaient plaire à l'oreille mais surtout aux yeux ! Les chorégraphies, le physique avantageux des chanteurs étaient souvent aussi importants que les chansons…

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Les boys band faisaient l'objet d'un branding par les maisons de disque pour cibler des marchés bien spécifiques… Le boys band anglais Take That est considéré comme un pionnier du genre, le groupe East 17 donnera à voir par la suite une version plus agressive et piquante. Puis vient le groupe Boyzone en 1993, pensé comme une version irlandaise de Take That… Et ainsi de suite, jusqu’à nos célèbres Alliage et 2be3 français, tandis qu’aux Etats-Unis, le producteur Lou Pearlman décroche la martingale en lançant les deux mastodontes du genre : Backstreet Boys et NSYNC.

Mais comment expliquer cette passion soudaine pour les torses musclés et le chant choral masculin, les harmonies, de préférence chemise ouverte et sous la pluie ? Si nous avons mentionné l’importance de l’image, certains spécialistes avancent des théories plus sociologiques : le mouvement boys band pourrait être vu comme une réaction au mouvement grunge et la panique morale qu’il a pu susciter.

Le grunge se présente comme nihiliste voire autodestructeur ; les boys band, eux, sont de bons modèles pour la jeunesse, prônant le sport et chantant l’amour. Deux extrêmes, incarnant bizarrement la même décennie fragmentée…

La musique des années 1990 : quel héritage ?

Clairement, les années 1990 ne se résument pas à un seul genre de musique. Au contraire, elles se caractérisent par une fertilisation croisée de tous les genres entre eux… un grand mélange. Et c’est ce qui rend cette décennie toujours si riche et si attachante. Cette tendance au mélange, au brouillage des frontières, doit certainement beaucoup à l’apparition concomitante des nouvelles technologies de communication, les débuts d’Internet, et l’arrivée de la télévision satellite… Le monde et ses tribus, depuis, ont continué de s’ouvrir. Finalement, ce qu’on doit aux années 1990, ce n’est pas tant un genre musical qu’une attitude : l’ouverture d’esprit.