🎤 Quand le rap se met à l’acoustique

Block parties : aux racines du rap, la musique électronique

C’est dans les rues des quartiers noirs de New-York que le mouvement hip-hop voit le jour à la fin des années 70 lorsqu’ont lieu les premières block parties. Dans ces rassemblements festifs underground inspirés des sound systems jamaïcains, le rap n’est alors qu’un des quatre éléments clefs du mouvement avec la danse, le graffiti et surtout la musique des disc jockeys. 

Car à l’époque, la base d’une block party réussie, c’est surtout le talent du DJ derrière les platines. Le MC (Master of Ceremony ou Microphone Controller), ancêtre du rappeur, est là lui pour mettre l’ambiance, en haranguant la foule à coups d’onomatopées et de rimes. Les premiers rappeurs étaient donc en quelque sorte des chauffeurs de salle ! 

Les onomatopées vont ensuite laisser place à des textes de plus en plus travaillés, et le rap ne cessera de prendre l’importance jusqu’à devenir le courant musical international de premier plan que nous connaissons aujourd’hui. Et au fil des décennies, les logiciels vont remplacer les disques vinyles et les beatmakers succéder aux DJs.

Souvent inconnus du grand public, ces « faiseurs de sons » n’en restent pas moins essentiels à l’industrie du rap : derrière leur ordinateur et leur boite à rythmes, ils composent la « prod », la partie instrumentale sur laquelle le rappeur vient poser son texte, notamment en samplant des morceaux existants (c’est-à-dire en utilisant un extrait de ces morceaux pour en composer un nouveau). 

Quand les instruments montent sur scène...

Vous l’aurez compris, la musique électronique est au cœur du rap depuis ses prémices et les musiciens instrumentistes se font rares dans les studios comme dans les concerts. 

Pourtant, aux États-Unis, sa terre d’origine, comme en France, deuxième marché mondial actuel, de plus en plus d’artistes troquent ces dernières années logiciels et drumkits contre des instruments aux sonorités organiques, et opèrent un virage assumé vers l’acoustique. Des musiciens et producteurs comme The Roots et The Neptunes aux États-Unis font par exemple figure de précurseurs dans le milieu du hip-hop, par la présence d'instrumentistes sur scène. 

En France, on assiste également à quelques percées de l’acoustique sous l’impulsion de rappeurs qui flirtent avec d’autres courants musicaux comme le rock, la pop ou la variété. Le plus emblématique et populaire d’entre eux est probablement Lomepal qui, dans son troisième album Mauvais Ordre finit de bousculer les codes du registre qui l’a vu naître. 

Naviguant entre rap, rock et chanson française, le rappeur parisien a profité de sa pause de trois ans pour s’initier au piano et à la guitare. Un goût pour l’acoustique que l’on retrouve naturellement sur scène : pour accompagner celui qui investira l’Accor Arena du 28 au 30 mars, plus de DJ mais une formation soudée de quatre musiciens (guitare, basse, batterie et clavier). Ceux-là même que l’on a pu découvrir dans le clip de « Tee », premier extrait de l’album qui marquait le grand retour de l’enfant terrible du rap en passe de devenir rockstar

Si Lomepal refuse de se laisser enfermer dans une case, un autre rappeur parisien détonne tant il se joue des étiquettes : Sopico. Un rappeur qui joue de la guitare, ça vous paraît bizarre ? Celui qui se présente comme « la fusion de Nirvana et du Wu-tang Clan » se sert de son instrument comme d’une arme pour – habilement – cultiver sa singularité. Et ça fonctionne : en 2021, son premier album Nuages marque les esprits tandis que sa réédition Orages, sortie en septembre 2022 et entièrement enregistrée en live, l’impose comme le rappeur le plus rock du rapgame français.

...Jusqu’à devenir les stars du show !


Si Dr. Dre et Timbaland sont de véritables stars à travers le monde, la plupart des beatmakers restent dans l’ombre. En France, parmi les plus connus du grand public, citons Skread, l’éternel acolyte d’Orelsan, ou Dany Synthé, à qui l’on doit notamment l’entêtant « Sapés Comme Jamais » de Gims. Mais, avec l’émergence de l’acoustique, certains musiciens investissent le devant de la scène.

Le plus connu d’entre eux est sans conteste le pianiste Sofiane Pamart. Médaille d’or du Conservatoire National de Lille et compositeur référant du rap français, ce virtuose fait figure d’OVNI dans le paysage musical français. Rap et classique, vous avez dit antinomique ? C’est pourtant peu dire que ce grand écart a fait la recette de son succès.

D’un côté, ses collaborations avec les plus grands rappeurs (Vald, Dinos, Laylow, SCH... la liste est longue !) croulent sous les certifications et font exploser sa popularité. De l’autre, ses albums solo (notamment Planet, disque d’or en 2019) l’installent dans le top 10 des artistes de musique classique les plus streamés au monde. Résultat : il est devenu le premier pianiste soliste de l’Histoire à remplir l’Accor Arena en novembre dernier.

Deux pianos, un qui descend du ciel et l’autre qui finira littéralement en flammes, un casting de guests 5 étoiles (Rilès, SCH, Joey Starr, Dinos, Médine...) : son concert mi-récital solennel mi-show on fire fait figure d'incontournable... du rap et de la nouvelle scène musique classique !