🎤 Rapologie : l'art du rap en 3 ingrédients (partie3)

#3 - La musique

Les mots “rap” et “hip-hop” sont souvent utilisés de manière interchangeable - à tort. Car le rap désigne “seulement” une manière de chanter, caractéristique du hip-hop, tandis que le hip-hop désigne un mouvement culturel plus large, incluant une danse (le break), un art pictural (le graffiti), mais aussi des façons de concevoir et de jouer de la musique, à savoir le beatboxing et surtout le DJing.

Le hip-hop émerge dans les années 1970, dans les quartiers pauvres de New-York, en particulier dans le Bronx. A ce sujet, n’hésitez pas à regarder la série « The Get Down » pour revivre toute cette époque. Ces populations n’avaient pas forcément accès aux instruments classiques. Ils décident de créer de la musique avec l’outil normalement conçu pour jouer de la musique : la platine vinyle. À partir de là s’est développé l’art du mix, du sample, du scratching, et ainsi de suite. 

Depuis, la technologie a bien évolué. Dès les années 1980, les synthétiseurs et les boîtes à rythme ont agrémenté le style. Dr Dre, par exemple, est connu pour avoir fait une utilisation pertinente de toutes ces techniques à la fois. Ses titres les plus connus pouvaient inclure des samples (comme celui d’une chanson d’Aznavour) et par-dessus des mélodies originales, souvent jouées avec le mythique synthétiseur analogique Moog.

Aujourd’hui, le plus souvent, les rappeurs composent leurs musiques avec des ordinateurs. Les frontières du genre ont explosé. Toutes les attitudes, toutes les atmosphères sont expérimentées. 

L’atmosphère planante du cloud rap, dont le groupe emblématique reste PNL, semble aussi populaire que le rap dansant et syncopé de Jul, où les paroles s’effacent au profit des rythmiques africaines et latines. Kanye West, voulant un style futuriste pour son album Yeezus, a fait appel aux pontes de l’électro française comme les Daft Punk, Gesaffelstein ou Brodinski. Dans le même temps, certains artistes reviennent aux fondamentaux, comme Kendrick Lamar, dont l’album To Pimp a Butterfly s’inspire de la musique funk et jazz…

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En fait, le rap semble avoir la capacité de s’hybrider avec n’importe quel autre style, d'où la multitude d'expériences rap-rock des années 90, ou le rap-accordéon-musette du groupe français Java, le rap-house-queer de Cakes da Killa, jusqu’aux fusions extrêmes du rap et de la musique noise-expérimentale du groupe culte Death Grips… Les limites du genre sont loin d'être atteintes !

 Le rap est né dans les marges et les faubourgs. Et pourtant il a suffit de quarante ans pour qu’il s’installe  dans notre quotidien. Il a même fini par gagner ses lettres de noblesse au sommet de la société. Pour preuve, Kendrick Lamar est lauréat 2018 du prestigieux prix Pulitzer pour son album Damn. Une première pour un artiste de hip-hop… A quand le Goncourt pour un de nos rappeurs français ?

Et comme tout finit souvent en musique, voici une playlist Rap at Accor Arena.