🎤 Rapologie : l'art du rap en 3 ingrédients (part 2)

#2 - Les paroles

Le rap, à la base, sert à dire qui l’on est, d’où l’on vient. On représente ses potes, son quartier, sa communauté… Cet état d’esprit frise parfois la caricature dans le gangsta rap et les querelles d’égos entre célébrités, au point d’occulter, aux yeux du profane, la très grande richesse du rap en général.

Car le rap, de MC Solaar à Oxmo Puccino, en passant par les textes raffinés du bordelais Fayçal, c’est aussi de la poésie, de l’érudition, de la sensibilité. Certains rappeurs n’hésitent pas à jouer avec les mots, les sonorités et les figures de style pour nous étourdir. Kacem Wapalek est maître en ce domaine - sa chanson Des chiffres et des lettres, par exemple, ressemble à un exercice d’équilibriste.

Sur le fond, le rap échappe à toutes les catégorisations. Vous le croyez misogyne ? Pourtant, Gaël Faye n’hésite pas à diviniser sa compagne dans une chanson enflammée, simplement intitulée : Ma Femme. Le rap ne défendrait pas d’autres valeurs que l’argent et le succès ? Kerry James, rappeur conscient et politisé depuis plus de vingt ans, n’est certainement pas de cet avis puisqu’il n’hésite pas, dans ses textes, à critiquer vertement les rappeurs trop hédonistes et tournés sur eux-même…

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Bien sûr, si les paroles de rap ont du fond, elles ont également une forme. Et cette forme fait presque toujours une belle place aux rimes. Un peu, beaucoup, passionnément… Si certains rappeurs se contentent de rimes pauvres, la plupart visent les rimes de plusieurs syllabes. D’autres encore vont jusqu’à faire rimer des phrases entières. On appelle ça des “vers holorimes” ; on en trouvait chez Jacques Prévert ou chez Victor Hugo, maintenant, on en trouve chez Nekfeu (en France) ou chez MF Doom (aux Etats-Unis). 

"Aventurier de l'inconnu, avant tu riais de l'inconnu"
                                                - Nekfeu -

            À noter que contrairement à la poésie classique, les rimes du rap peuvent aussi bien se situer à la fin des phrases qu’au milieu, voir en plein milieu des mots (on parle alors de “pattern” ou de “rhyme scheme”), le but étant de créer des dynamiques intéressantes avec les sons  - comme Al Kapote faisant rimer “flow d’bonhomme” avec “eau d’Cologne” (l'altération du son “o” rythmant les phrases).

Autre exemple avec les paroles suivantes, issues de la chanson “Par Toutatis” de Vald. Ici, ce qui compte, c’est l’alternance répétée des sons “o” et “i”, peu importe la place qu’ils occupent dans le mot ou dans la phrase :  Oki doki, j'doggin' vos rimes, vos stylos bic morvent. Flows d'immondices hostiles au mic, j'ai l'stylo bic or.

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Stay tuned pour découvrir prochainement le dernier volet de notre petit traité de rapologie !