🎤 Rapologie : l'art du rap en 3 ingrédients (1/3)


(Partie 1/3)
Le rap pour ceux qui ne le connaissent peu ou mal, se rĂ©sumerait Ă  :  machisme, gang, drogue, misogynie…Et lĂ  wow, on vous arrĂŞte ! La rapologie c’est surtout un art, Ă  tel point que des Ă©crivains et spĂ©cialistes du langage -comme le poète et critique musical amĂ©ricain Daniel Levin Becker- l’élèvent au plus haut rang. Pour lui, le hip hop c’est « la plus pure contribution faite au monde par l’AmĂ©rique » et celle dont il est le plus fier.

Alors voyons comment le rap est un art avec ses codes, son histoire et son génie propre. Ouvrez votre esprit. Laissez vos préjugés au vestiaire ! Car comme dirait Booba : “Chez nous y’a pas de mains aux fesses ni de wesh, wesh cousine…”

#1 - Le flow

On reconnaĂ®t un rappeur d’abord Ă  son flow : c’est la manière dont il va prononcer le texte. Le flow doit absolument happer celui qui l’écoute par sa mĂ©lodie et surtout par son rythme. C’est un peu une « partition de batterie convertie en paroles » (comme le rĂ©sume le chercheur en linguistique Iskandar Rhys Davis…  quand on vous dit que les plus Ă©rudits s’intĂ©ressent Ă  cet art ! )

Certaines syllabes sont volontairement Ă©tirĂ©es, d’autres sont contractĂ©es voire assourdies, d’autres sont accentuĂ©es… Tout en jouant avec ces effets, le travail principal du rappeur est de suivre le tempo de la musique - ce que les amateurs appellent “rester dans le beat”. Ce n’est pourtant pas une règle absolue puisque certains rappeurs s’amusent Ă  crĂ©er des effets de dĂ©calage, comme avec le flow DMV qui gagne actuellement en popularitĂ©.

 

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Le flow distingue le rap de la poĂ©sie, du spoken-word, et, peut-ĂŞtre, de toute autre forme d’écriture… C’est notamment ce qu’affirme le philosophe français Christian BĂ©thune. Selon lui, dans la mesure oĂą le flow n’est pas improvisĂ© mais conçu dès l’écriture, le rap serait peut-ĂŞtre “la première forme d’expression Ă  entretenir de façon dĂ©libĂ©rĂ©e” le  brouillage des frontières entre l’oral et l’écrit. Car si le rap est un texte avant tout, ce n’est pas un texte fait pour ĂŞtre lu ; c’est au contraire un texte indissociable de son auteur, lui seul pouvant le restituer de la bonne manière.

Enfin, si le flow dĂ©finit la personnalitĂ© d’un rappeur et son univers musical, il peut aussi servir de prĂ©texte Ă  des concours de rapiditĂ©. Dans le monde anglo-saxon, il semblerait qu’Eminem dĂ©tienne le record du flow le plus rapide avec 229 en 30 secondes (dans la chanson Godzilla). Le record  Ă©tait  dĂ©tenu chez nous, par Big Flo et Oli, avec une pointe Ă  7,2 mots par seconde, puis par le français Davodka qui s’est fait flasher Ă  8,5 mots par seconde. Le flow est un art - on dĂ©couvre aussi qu’il est un sport !

 

Stay tuned pour découvrir bientôt les parties 2 (Les paroles) et 3 (La musique ) de cet article